Deux humanoîdes, dos à dos, sur des ordinateurs portables.

Une entreprise peut-elle se digitaliser sans se déshumaniser ?

Voilà plusieurs années que la digitalisation est devenue une priorité pour les entreprises. Avec les nouvelles technologies et ses nouveaux enjeux, la digitalisation est aujourd’hui la condition sine qua non de la compétitivité sur le marché, et ce dans tous les secteurs.

C’est un terme que l’on entend de plus en plus souvent, mais qui reste encore flou pour certains. La digitalisation est le fait de « transformer un objet, un outil ou un process en un code informatique pour le rendre plus performant ». De manière plus large, elle permet le traitement de données dans la vie réelle en données informatiques.

Alors que la transformation digitale promet une gestion du travail simplifiée et plus efficace, elle tend aussi à faire peur. En effet, des études ont démontré que 40% des métiers actuels allaient être « fortement impactés » par la digitalisation… Qui est une manière agréable de dire qu’ils vont disparaître.

Pour beaucoup, la digitalisation est aussi synonyme de déshumanisation et ils y voient surtout un process pour remplacer les êtres humains par des robots. Mais est-ce vraiment l’objectif de la digitalisation ? Est-il possible d’aboutir à cette transformation sans pour autant perdre en valeur humaine ?

Entre l’automatisation des process et la mise en place d’outils numériques propices à une meilleure communication et au travail collaboratif, le digital présente beaucoup d’avantages. La promesse est simple : la digitalisation optimise le travail, notamment les tâches répétitives, des individus pour leur permettre de se concentrer sur des missions plus importantes. En parallèle, le phénomène comporte également des risques :

  • Surcommunication

Les outils numériques actuels rendent la déconnexion quasi impossible. Nous sommes toujours sollicités et toujours joignables, peu importe la situation. Cette culture de la réactivité et de la disponibilité constante peut avoir des effets négatifs sur les individus, autant sur leur travail que sur leur santé mentale.

  • Autonomisation imposée

Certaines tâches sont, certes, un peu répétitives et simples, mais elles peuvent aussi constituer une pause mentale agréable dans la journée. Il est impossible pour un être humain de se concentrer plusieurs heures d’affilée sur une tâche difficile. Les petites tâches moins importantes et qui ne demandent pas beaucoup d’effort mental sont nécessaires dans la journée pour se ressourcer tout en ayant le sentiment d’être productif. Le mieux est de demander d’abord aux individus quelles tâches ils n’apprécient pas et qu’ils aimeraient automatiser, plutôt que de prendre le risque d’enlever une tâche agréable à un collaborateur.

  • Risque d’exclusion

Certaines personnes ont encore beaucoup de mal avec les nouvelles technologies. Les outils changent et évoluent tellement vite aujourd’hui, que ce n’est pas qu’une question de génération. Il est très facile, même pour un jeune, de se retrouver perdu. La transformation digitale doit donc impérativement être accompagnée d’une formation pour les collaborateurs sur les nouveaux outils et process.

  • Perte de spontanéité dans les échanges

La croissance du télétravail a plus que jamais remis cette problématique sur le devant de la scène. Les outils numériques ont certes permis une meilleure communication dans les entreprises mais ils ne peuvent en aucun cas remplacer les échanges informels en entreprise. En effet, les discussions impromptues autour de la machine à café ou au déjeuner sont bien souvent à l’origine des meilleurs idées !

C’est parce que tous ces risques existent que la digitalisation ne pourra jamais être réalisée avec succès sans intervention humaine. Plus il y aura du digital, plus il est important pour l’homme d’être présent pour contrôler la situation et prévenir les dérives.

D’ailleurs, le digital en lui-même est complètement inutile s’il n’est pas manié par des humains compétents, capables d’interpréter les données et de leur donner du sens. Pour être vraiment efficace, une entreprise ne doit pas oublier que l’humain doit accompagner la transformation digitale pour s’assurer qu’elle respecte la règle d’or : c’est au digital de s’adapter à l’homme et non l’inverse.

Selon une étude réalisée par EY-Forbes, 10% des entreprises les plus performantes, sont celles qui confient l’analyse de données aux collaborateurs qui connaissent bien les valeurs et les objectifs à court, moyen et long terme de l’entreprise.

L’objectif premier est de créer une relation de symbiose entre l’homme et la machine. Le digital ne doit pas remplacer l’homme mais simplement lui permettre de se concentrer sur les meilleurs aspects de son travail. En éliminant certaines tâches à faible valeur, il se libère du temps et peut monter en compétences.

Les entreprises à risques sont celles qui feront l’erreur de penser que toutes les tâches peuvent être automatisées. Certes, la technologie est plus rapide et ne fait jamais d’erreur… Mais elle ne possède pas toutes les qualités humaines nécessaires pour réaliser certaines tâches. On notera notamment que 8 français sur 10 estiment important de parler avec un être humain pour résoudre un problème ou obtenir un conseil. Les relations entre individus ne pourront donc jamais se déshumaniser.

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