Un plateau d'échec avec, au milieu, une pièce à terre, entourée de toutes les autres pièces.
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Compétition en entreprise : moteur de motivation ou frein à la productivité ?

La compétitivité a longtemps été considérée comme un pilier de la productivité et de la motivation en entreprise. Cependant, les critères de bien-être et d’efficacité en entreprise changent avec l’arrivée d’une nouvelle génération sur le marché du travail. On s’aperçoit que la collaboration s’avère être une stratégie beaucoup plus propice à un environnement de travail bienveillant et positif. Pourtant, beaucoup de managers prennent encore l’initiative d’instaurer une rivalité entre leurs équipes afin de les pousser à se dépasser et à donner le meilleur d’elles-mêmes. Mais est-ce que cela fonctionne vraiment ? Fondamentalement parlant, l’esprit de compétition est inné à chacun. D’ailleurs, la pyramide de Maslow inclut indirectement cette envie naturelle d’être le meilleur en plaçant le besoin d’appartenance et le besoin d’estime presque au sommet des besoins les plus importants pour l’Homme. Ces deux notions nous rappellent que nous avons naturellement le besoin de nous comparer aux autres afin de définir notre propre valeur. En outre, nous sommes confrontés à la compétition dès le plus jeune âge, que ce soit à l’école ou pendant des activités sportives. C’est bel et bien un phénomène universel qui a traversé les Âges. Il existe deux typologies de compétitions dites « saines » que l’on peut retrouver en entreprise :
  1. La « compétition-imitation » : il est dans la nature humaine de vouloir imiter ce que fait autrui. Notre plus grande peur est le plus souvent d’être différent des autres, car la différence peut avoir une connotation négative. C’est pourquoi on est enclin à se trouver un mentor, une personne que l’on admire et qu’on peut considérer comme « supérieur » à nous, dont on s’inspire et qu’on imite. Ce comportement est issu d’un sentiment d’infériorité qui stimule notre désir de nous dépasser et de nous améliorer. Dès lors, on se met inconsciemment en compétition avec cette personne soi-disant supérieure.
 
  1. La « compétition-émulation » : basée sur une dynamique de groupe, cette forme de compétition met chaque membre d’une équipe sur un même pied d’égalité. Tout le monde part avec les mêmes ressources et les mêmes conditions pour réussir. Il n’est pas question ici de « survie » et de besoin absolu d’écraser les autres : l’objectif ici est de se surpasser individuellement dans l’intérêt du groupe. Très utilisée dans les jeux collectifs sportifs, cette forme de compétition est très positive à condition d’avoir établi, au préalable, une équipe soudée.
En effet, être en compétition ne veut pas toujours dire essayer de vaincre les autres et ne reculer devant rien pour atteindre ses objectifs. La compétition se fait avant tout avec soi-même. La forme de compétition la plus saine est de vouloir se surpasser soi-même et non de constamment juger ses performances par rapport à celles des autres. C’est ainsi que l’on apprend que, pour gagner, il faut savoir envisager la défaite et pouvoir la gérer. Un environnement constant de compétition peut être néfaste et peut, par ailleurs, développer un système individualiste au sein d’une entreprise, où l’intérêt et la réussite de l’individu prime sur la réussite collective. Les conséquences de cette situation sont le manque de communication et d’entraide, une croissance des tensions entre les collaborateurs, et une baisse de productivité et de créativité. De plus, elle peut-être synonyme de perte de confiance en soi pour ceux qui sont trop souvent exposés à une compétitivité constante. Si un collaborateur n’atteint pas l’objectif fixé ou s’il est moins performant que le reste de l’équipe, il peut perdre confiance en lui et s’enfermer dans un cercle vicieux de l’échec. Enfin, elle peut créer un manque de confiance au sein des équipes, surtout si certains adoptent la méthode du « prêt à tout pour réussir » et mettent des bâtons dans les roues des autres. La compétition peut donc décroître l’esprit d’équipe en provoquant des conflits et des jalousies. Enfin, elle peut empêcher le développement général de l’équipe. Si un collaborateur se dit qu’il a de l’avance sur les autres membres de son équipe, il n’aura pas envie de partager son savoir et de les voir réussir également de peur de ne plus être le premier. Elle agit alors comme un frein à la collaboration et empêche les équipes de mûrir et d’avancer ensemble. La véritable compétition se trouve à l’extérieur de l’entreprise, avec les concurrents, et ce n’est qu’en développant la synergie en interne qu’on peut y faire face. Attention, cela ne veut pas dire qu’il faut bannir toute compétition en interne ; elle peut tout à fait être moteur de motivation et de productivité si elle est utilisée correctement et contrebalancée avec d’autres méthodes. Pour certains métiers, comme les commerciaux par exemple, la compétition est une base de leur réussite et de leur épanouissement. Tout est une question d’équilibre entre collaboration et compétition, et dépend généralement du mode de management choisi. Des études ont toutefois montré que la compétition en entreprise n’était bénéfique qu’à condition qu’il existe d’abord une forte solidarité et un fort sentiment d’appartenance au sein des équipes. L’objectif est de donner envie aux collaborateurs de se surpasser pour l’équipe et non pas pour leur gain personnel, et même si la compétition peut s’accompagner de récompenses individuelles, l’objectif collectif à atteindre doit rester le plus important.
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