Quand les entreprises sabotent l’esprit d’innovation de leurs équipes
La quête de l’innovation est devenue une véritable priorité pour certaines entreprises, qui attendent de leurs collaborateurs qu’ils fassent preuve de créativité au quotidien dans le développement de leurs projets et la résolution de problèmes. Le soucis est que la plupart des entreprises se contentent d’avoir des attentes en terme d’innovation, sans forcément mettre en place les moyens nécessaires pour permettre à leurs équipes d’y répondre.
Le problème est que les entreprises ont souvent pour objectif premier de se stabiliser et de prévenir les risques. Ce qui est mis en place pour atteindre cet objectif n’est pas toujours en adéquation avec l’environnement nécessaire à l’innovation et à l’agilité. C’est pourquoi il est important d’identifier ces barrières et ces freins, qui empêchent finalement les entreprises de prendre une longueur d’avance et de développer LA bonne idée qui peut tout changer.
Copier la concurrence
Certes, il est essentiel de garder un oeil sur le marché et s’intéresser à ce que font les concurrents directs et indirects. En revanche, leurs stratégies ne doivent pas devenir la ligne directrice à suivre pour votre entreprise. Vous devez trouver votre propre valeur ajoutée et, plus important encore, trouver les solutions adéquates aux enjeux et problèmes spécifiques à votre entreprise. Si votre plus grand concurrent n’a pas fait quelque chose, ce n’est pas parce que c’est une mauvaise idée… C’est peut-être juste parce qu’il n’y a pas pensé avant.
S’intéresser uniquement au ROI
Il est évident que l’objectif d’une idée novatrice est de permettre à l’entreprise de gagner de l’argent et donc de se développer. Le problème est que lorsque le ROI devient une obsession, on a tendance à fermer les yeux sur tous les autres bénéfices que peuvent apporter un projet… Pire, quand on ne parvient pas à éliminer les risques et assurer un retour sur investissement rapide, on peut faire l’erreur de tout simplement abandonner l’idée et passer à côté de quelque chose de vraiment intéressant.
Il faut également prendre en compte qu’un nouveau projet/produit est rarement rentable dès le début. Toutes les bonnes idées ont besoin d’une période d’essai, de tests et d’échecs avant de devenir opérationnelles et optimales. Il est préférable de viser une progression du ROI sur une certaine période, plutôt qu’un chiffre spécifique sur une deadline précise.
Ne pas accorder de temps ou de budget à l’innovation
L’inspiration est capricieuse et il ne suffit pas uniquement de bloquer 10 min dans son agenda pour réfléchir à de nouvelles idées pour qu’elles viennent naturellement. D’ailleurs, beaucoup de collaborateurs ont finalement beaucoup trop de travail et d’urgence à traiter au quotidien pour vraiment pouvoir se concentrer sur des idées innovantes.
En parallèle, dans d’autres entreprises, les collaborateurs qui ont de nouvelles idées ont l’habitude de s’entendre dire qu’il n’y a pas de budget à allouer pour des projets à risques zéro. Or, l’innovation demande toujours une prise de risques. Les entreprises qui veulent développer leur pouvoir d’innovation ont tout intérêt à réserver un budget pour les prises de risques, c’est-à-dire de l’argent dédié à la réalisation de nouvelles idées et à l’expérimentation. Une fois cette crainte budgétaire écartée, il sera plus facile pour les managers d’analyser les idées plus objectivement et d’exploiter leur potentiel.
Punir la prise de risques
Certains collaborateurs n’osent pas soumettre de nouvelles idées, justement de peur qu’elles soient suivies et qu’elles échouent. Pour eux, cet échec peut vouloir dire perdre la confiance de leurs managers, qui préfèreront ne plus écouter leurs nouvelles idées. De plus, être reconnu comme la personne qui a fait perdre de l’argent à l’entreprise peut vraiment avoir un impact négatif sur une carrière, sur le long terme.
D’où l’importance d’allouer un budget à la prise de risque et aux échecs potentiels, mais également d’instaurer un climat de confiance dans les équipes où l’échec n’est pas un badge de honte. C’est en se trompant souvent qu’on s’améliore.
Ne pas avoir un process clair et efficace
Dans certains cas, ce ne sont pas les idées qui manquent mais une bonne organisation ! Sans process précis, il est peut être difficile pour les collaborateurs d’identifier exactement à qui ils doivent s’adresser pour présenter leurs idées d’innovation et, plus important encore, quel chemin ses idées vont prendre ensuite au sein de l’organisation. Doit-on s’adresse au manager ? Qui lui-même fera le relai avec son propre N+1 ? Et si cette bonne idée finissait par se perdre dans l’engrenage de l’entreprise ? Pire, et si l’idée finissait par être créditée à quelqu’un d’autre ?
Bref, il est faut être transparent et donner aux collaborateurs des consignes précises pour être sûr que les bonnes personnes puissent intervenir au bon moment dans le process de l’innovation.
Rester bloqué sur une idée
Enfin, le dernier piège est de tomber amoureux d’une idée précise… et d’ignorer toutes les autres ! Les individus ont tendance à s’attacher à leurs propres idées et certains biais cognitifs les empêchent de considérer celles des autres, ou même de retravailler leur idée initiale pour l’améliorer. C’est pourquoi il est très important de se concentrer sur l’enjeu ou le problème que l’idée se destine à résoudre. Dans certains cas, un problème peut avoir plusieurs solutions. Ce n’est donc jamais judicieux de se focaliser sur une seule proposition.
Pour conclure, l’innovation ne s’improvise pas et il faut mettre en place des process précis si vous voulez qu’elle fasse réellement partie de l’ADN de votre entreprise.