« Bullshit Jobs » : en quête de sens
C’est en 2013 que le chercheur américain David Graeber introduisait pour la première fois le concept du « bullshit job », c’est-à-dire les « jobs à la con ». Selon lui, au lieu de permettre aux salariés de se concentrer sur des tâches plus essentielles, ce sont les nouvelles technologies qui sont responsables de la multiplication des tâches administratives et vides de sens dans le travail.
« La plupart des gens travaillent efficacement probablement pendant quinze heures par semaine […] et le reste du temps, ils le passent à critiquer l’organisation, organiser des séminaires de motivation, mettre à jour leurs profils Facebook et télécharger des séries TV » écrivait-il dans un article.
Entre les réunions interminables qui s’enchaînent, les centaines de mails à traiter à la journée et les to-do list remplies de tâches absurdes, il est de plus en plus difficile pour certains de trouver du sens à ce qu’ils font. C’était le cas notamment de Paul Douard, ancien employé dans une agence de communication et interrogé par Le Monde, qui explique : « J’avais un vrai sentiment de rejet de la part de mes proches quand on me demandait ce que je faisais, je finissais par capituler et dire « tu as raison, je ne comprends même pas ce que je fais » ».
Mais ce sentiment de frustration n’est pas exclusif aux (nouveaux) métiers du digital. Béatrice Hibou, directrice de recherche et spécialisée en économie politique au CNRS, nous montre que la sur-bureaucratisation du monde du travail concerne tous les secteurs : « Même nous, les chercheurs, on passe plus de temps à remplir des formulaires, à se conformer à des procédures, à s’envoyer des e-mails dans tous les sens pour prendre des décisions, qu’à vraiment faire de la recherche. »
D’ailleurs, d’autres néologismes sont venus accompagner le terme « bullshit job » : « bore-out » (dérivé de « burn-out ») désignant l’ennui au travail et « brown-out » (qui se traduit littéralement par « baisse de courant ») utilisé quand un salarié ne comprend pas (ou plus) son travail.
Une situation difficile qui semble de plus en plus courante. Clara Deletraz, interrogée par le Figaro, a également été touchée par les symptômes du « brown-out » alors qu’elle travaillait pour un grand groupe du CAC 40 : « Je ne trouvais aucun sens à ce que je faisais. » Elle a alors co-fondé la start-up Switch Collective visant justement à aider les salariés en quête de sens.
« Les gens qui viennent se questionnent sur les valeurs de leur boîte, ont l’impression d’être un pantin dans une organisation figée, ou de ne jamais voir l’aboutissement de leur travail à cause de tâches trop morcelées » explique-t-elle. « On ressent cela depuis la crise. Nos parents n’avaient pas forcément des boulots plus intéressants, leurs tâches étaient parfois standardisées, leur parcours tout tracé. Mais le contrat tacite de leur génération, le deal, c’était qu’en échange de ça, il y avait une stabilité de l’emploi, un confort de vie. À partir du moment où le contrat est cassé, le salarié se pose la question du sens, de son épanouissement : quitte à évoluer dans un monde où l’incertain est devenu certain, quitte à galérer, autant galérer pour quelque chose qui donne du sens, qui me corresponde. »
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