Recrutement : ne confondez plus soft skills et personnalité
On en a beaucoup parlé ces derniers temps : les soft skills prennent le pas sur les compétences techniques et pourraient bien devenir le futur du recrutement. Le capital humain reprend peu à peu sa place dans le monde du travail et est considéré aujourd’hui comme le meilleur atout des entreprises. Après tout, l’être humain est au cœur de l’évolution et du changement.
D’après une étude réalisée par la DARES (Direction de l’Animation de la recherche, des Études et des Statistiques), « près de 60% des critères requis pour la qualification à un emploi relèvent de soft skills ». Or, cette expression anglaise n’a aucun fondement scientifique et peu parfois être employée à tout va par les recruteurs, sans qu’ils sachent exactement ce qu’elle désigne. Souvent utilisée pour parler des qualités humaines, elle a perdu sa dimension de compétence.
En effet, une des erreurs les plus courantes que l’on a tendance à faire est de confondre les soft skills avec la personnalité et l’état d’esprit. Les soft skills, comme leur nom l’indique, sont avant tout des compétences, et les compétences se travaillent. En parallèle, les traits de personnalité, même s’ils peuvent parfois évoluer avec les années, sont très profondément liés à l’identité de la personne et non à ce qu’elle peut faire.
La différence vous échappe encore ? Laissez-nous vous donner quelques exemples.
Être ouvert d’esprit, extraverti, bienveillant, ambitieux, curieux… Tout cela tient de la personnalité ! Ce sont des traits innés, plus ou moins développés chez les individus. Ils représentent donc un facteur de diversité. Rien ne sert de les imposer ou de les supprimer, au contraire il faut les accepter et les respecter. À défaut de quoi on prend le risque de se retrouver avec des employés tous similaires. Ce manque de diversité peut être un facteur néfaste pour une entreprise, car elle agit comme un frein à la créativité et donc à la croissance.
On peut aussi prendre l’exemple de la motivation et de l’engagement, qui ne sont pas non plus des soft skills, mais des états d’esprit ressentis à un instant T, pouvant fluctuer selon tout un tas de facteurs (la période de l’année, le contexte, etc.)
Il est donc dangereux de faire l’amalgame entre « soft skills » et « personnalité ». Savoir communiquer, travailler en équipe, diriger un projet et prendre des initiatives sont toutes des compétences qui peuvent se travailler et se développer, même par des personnes introverties et réservées. Et une fois ces compétences là acquises, ces mêmes personnes n’en deviendront pas pour autant extraverties !
Cette confusion, encore très présente dans le monde du travail, peut être à l’origine de mauvais recrutements. Les experts se méfient d’ailleurs des recrutements « au feeling » très souvent biaisés. En effet, il y a des individus qui sauront très bien se vendre mais qui, en parallèle, n’auront pas les compétences humaines requises pour atteindre les objectifs attendus.
Pour être sûr de ne pas se tromper dans un recrutement, l’une des compétences à privilégier est la capacité d’un individu à apprendre et à se développer. En outre, s’il a travaillé sur la « méta cognition », c’est-à-dire le fait de prendre du recul sur soi-même et d’analyser ses propres pensées, il sera plus enclin à monter en compétences rapidement, aussi bien celles techniques que humaines, car il saura dans quels domaines il a besoin de s’améliorer.