Une femme qui sourit devant un ordinateur. Il y a des pinceaux et de la peinture sur son bureau.
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Que sont les mad skills ?

Après les « hard skills » et les « soft skills », place à présent aux « mad skills » ! Cette nouvelle tendance du recrutement a donné naissance à ce buzz word bien étrange qui pourrait se traduire par « compétences de malade »… Mais alors qu’est-ce que cela veut dire exactement ?

C’est sans surprise que l’on apprend que le concept nous vient de la Silicon Valley, le berceau symbolique de la startup ! Pour mieux comprendre ce que sont les mad skills, il faut d’abord rappeler la définition des autres skills :

  • Hard skills : compétences purement techniques, qui tiennent du savoir-faire.
  • Soft skills : compétences humaines, qui tiennent du savoir-être.
  • Mad skills : compétences souvent humaines (mais parfois techniques) qui ont un caractère atypique. Ce sont des compétences originales, qui rendent le profil du candidat plus rare. Ces compétences sont souvent acquises via l’expérience de vie personnelle du candidat (voyages, hobbies, sports, drame familial, etc.)

Pour vous aider à mieux comprendre, voici quelques exemples. Si vous êtes passionné de rugby et que cela fait plusieurs années que vous donnez de votre temps tous les week-ends pour arbitrer des matchs, c’est une expérience que vous pouvez mettre en avant sur un poste de manager. En effet, les arbitres ont l’habitude de gérer des conflits et de prendre des décisions justes rapidement. C’est un bonus indéniable sur votre profil.

Autre exemple : vous ou un membre de votre famille souffre d’une maladie qui demande un traitement et des soins particuliers que vous avez appris à administrer. Vous pouvez mettre en exergue votre patience, votre rigueur et votre capacité à apprendre. En d’autres mots, toutes les situations de la vie nous offrent la chance de nous développer et de grandir… Et ce serait dommage de ne pas mettre cela en avant, car c’est ce parcours qui vous rend unique ! Dans ce contexte, les « hard skills » revêtent donc aussi un caractère non conformiste et non conventionnel.

Bien sûr, elles existent depuis toujours mais c’est la crise sanitaire qui a fait d’elles une tendance aujourd’hui. En effet, pendant les nombreux confinements auxquels nous avons dû faire face, beaucoup d’individus ont décidé d’occuper leur temps libre à apprendre de nouvelles choses et à se lancer dans de nouveaux hobbies… parfois atypiques ! Beaucoup se sont essayés à l’art, par exemple.

C’est en faisant de nouvelles expériences que l’on se découvre et qu’on développe de nouvelles compétences… même en restant enfermé chez soi ! Malheureusement, beaucoup de candidats ne pensent pas à les mettre en avant lors de leur recherche d’emploi, que ce soit dans leur CV ou pendant les entretiens. Pourtant, ces compétences annexes et atypiques peuvent vraiment faire la différence, surtout pour les jeunes candidats qui n’ont encore pas trop d’expérience.

Les grandes entreprises font encore souvent l’erreur de penser que la quantité est plus importante que la qualité et vont miser sur les équipes à fort effectif pour s’assurer de combler les lacunes de chacun. Mais les startups et les PME sont beaucoup plus réceptives aux candidats atypiques, qui vont faire la différence, car ils cherchent avant tout à croître leur compétitivité et leur capacité d’innovation.

Ainsi, selon une étude réalisée par Indeed, les points originaux et atypiques d’un CV attisent la curiosité de 75% des recruteurs. 54% d’entre eux disent s’être déjà laissés influencer positivement par une expérience atypique d’un candidat dans leur décision d’embauche. Enfin, 68% d’entre eux disent s’intéresser aux hobbies et expériences personnelles des candidats.

Cet intérêt des entreprises pour la différence et l’originalité reste assez récent, et s’oppose au monde du travail du 20ème siècle où l’on cherchait avant tout la conformité et, surtout, l’obédience : les candidats devaient répondre à des codes et à des attentes spécifiques. Aujourd’hui, le recrutement se montre plus ouvert à la personnalité des individus.

Certaines entreprises vont même jusqu’à mettre en place des process de recrutement atypiques pour dénicher des candidats atypiques : escape games, hackathons, jeux en réalité virtuelle, etc. Il existe cependant des pièges pour ces entreprises qui décident d’évaluer les « mad skills » et de les prendre en compte dans leur décision finale de recrutement :

  • Faire des raccourcis simples… et donc dangereux : on pourrait parler ici de « psychologie de comptoir » ; une personne qui fait du sport d’équipe à haut niveau ne sera pas forcément bon en travail d’équipe dans un contexte professionnel. Il y a une grande différence entre un match de foot et un projet à grande envergure qui se profile sur plusieurs mois. Ces « mad skills » ne doivent pas être des évidences : elles doivent être creusées et testées !
  • Gare aux biais cognitifs… : en s’intéressant plus à la personnalité du candidat, on prend le risque de tirer des conclusions hâtives et de laisser nos biais cognitifs prendre le dessus. Il est bien connu qu’on a tendance à apprécier et à faire plus confiance aux gens qui nous ressemblent… Le risque est donc de favoriser inconsciemment un candidat qui fait le même sport que nous. Rappelez-vous que c’est la diversité qui fait la force !
  • Ne rien faire de ces « mad skills » : c’est une chose de chercher des candidats aux profils atypiques… encore faut-il leur donner une place de mettre leurs compétences à profit une fois embauchés ! Si vous décidez de donner sa chance à un candidat qui n’a pas d’expérience en management, car il a pu développer des compétences en leadership via ses hobbies, alors laissez-le prendre ses marques et développer les compétences qu’il a déjà pour découvrir quel type de manager il veut être. La pire erreur serait de lui laisser sa chance puis de ne lui laisser aucune liberté.

Enfin, pour conclure, il est important de rappeler que les « mad skills » ne font pas tout. Les compétences techniques (les « hard skills ») et les compétences humaines plus classiques (les « soft skills ») sont également essentielles et doivent être soignées et mises en avant au même titre. C’est la combinaison de ces trois types de skills qui feront de vous un avion de chasse sur le marché du travail !

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