Lettre de démission : tout ce que vous devez savoir
Une autre étape inévitable dans la vie professionnelle de tout un chacun : la rédaction de la lettre de démission. Le départ d’une entreprise n’est jamais un moment facile, même s’il signifie dans un même temps le début d’une nouvelle aventure ailleurs. On le répète souvent : ce n’est pas parce qu’on part qu’on doit laisser un mauvais souvenir derrière soi. Au contraire, la démission est un moment-clé où il est essentiel de faire preuve de professionnalisme pour finir cet épisode de votre carrière sur une note positive.
Pour commencer, revenons sur les bases : qu’est-ce qu’une lettre de démission ? C’est un document officiel qui permet de mettre un terme à votre contrat de travail. Elle découle d’une décision unilatérale de la part du salarié. À noter que la lettre de démission se fait uniquement dans le cas d’un CDI. Dans le cas d’un CDD, on parlera plutôt d’une rupture anticipée du contrat de travail.
Même dans le cas d’un CDI, la lettre en elle-même n’est pas nécessairement obligatoire et vous pouvez choisir de faire part de votre décision de démissionner à l’oral. D’un point de vue juridique, la loi mentionne simplement que le salarié doit informer l’entreprise de manière « claire et précise ». Dans certaines conventions collectives, toutefois, la rédaction d’une lettre est obligatoire. Dans tous les cas, nous vous conseillons vivement de faire une lettre pour vous protéger juridiquement, car avec cette preuve écrite votre employeur ne pourra pas réfuter votre démission. De plus, la lettre vous donne le temps de la réflexion. Si votre décision survient à la suite d’une dispute avec votre employeur (ou votre manageur), le temps d’écrire votre lettre vous aurez peut-être déjà pris du recul et changé d’avis.
Le mieux est donc d’opter pour la lettre recommandée. Si vous avez un doute à qui l’adresser, n’hésitez pas à vous renseigner auprès du service RH de votre entreprise. Si vous êtes dans une petite entreprise, sans service RH, vous pouvez aussi choisir de remettre votre lettre en mains propres à votre manager ou au dirigeant de l’entreprise (si vous êtes amené à le voir au quotidien). Pensez bien à la mention « remise en mains propres » avec la date du jour et à lui faire signer deux exemplaires (un pour lui, un pour vous). Une lettre formelle permet également de marquer officiellement le début de votre préavis.
Pour rappel, le préavis correspond au délai entre la présentation de la lettre de démission et la fin effective du contrat de travail. Si vous choisissez de faire une lettre recommandée, ce délai de préavis prend effet à la date de première présentation de ce courrier à l’employeur. C’est une période où vous êtes légalement obligé de continuer à travailler pour l’entreprise. Sa durée dépend de beaucoup de facteurs :
- Votre statut (employé, cadre…) ;
- Votre ancienneté dans l’entreprise ;
- Votre convention collective ;
- Ce qui est inscrit dans votre contrat de travail.
Dans certains cas, il est possible d’annuler cette période de préavis, notamment dans le cas d’un accord entre le salarié et l’employeur. La loi prévoit également d’autres conditions : en cas de grossesse ou en cas de création d’entreprise.
Si vous ne remplissez pas les conditions légales et que votre employeur refuse de vous dispenser de votre période de préavis, il vous reste une dernière solution : verser à votre employeur des dommages-intérêts d’un montant égal aux rémunérations que vous auriez touchées pendant cette période.
Qu’est-ce que doit inclure la lettre de démission ?
Elle doit impérativement comporter quelques informations essentielles :
- Votre nom, prénom et vos coordonnées ;
- Les informations relatives à l’entreprise et à la personne à qui vous adressez la lettre ;
- L’emploi que vous occupez dans l’entreprise et votre date de démarrage (que vous trouverez sur votre contrat) ;
- La durée du préavis et la date à laquelle vous souhaitez quitter l’entreprise (si vous souhaitez une dispense de préavis, précisez-le dans la lettre) ;
- Votre signature
Comment rédiger une lettre réussie ?
- Restez poli et neutre : il est très important de rester diplomate dans cette lettre. Elle doit rester factuelle ; son seul objectif est d’informer votre intention de démissionner. Elle ne doit pas devenir une lettre de reproches ou une occasion pour vous de vous défouler sur votre employeur. Qui sait ? Vous serez peut-être amené à retravailler à ses côtés dans votre carrière, il est inutile de vous faire des ennemis et de vous fermer des portes.
- Gardez vos raisons personnelles pour vous : vous n’êtes pas obligé de détailler les raisons derrière votre envie de démissionner. Ces raisons ne regardent que vous. De plus, en règle générale, la lettre de démission s’accompagne souvent d’un point en face-à-face avec votre N+1 et/ou le dirigeant de l’entreprise. C’est à ce moment-là que vous pourrez vous épancher sur vos motivations… Sans trop en faire, tout de même! Si vous partez car vous ne supportez plus votre manager, évitez de lui dire de manière aussi brutale. Mettez-y les formes et pensez à ajouter du positif dans votre discours. Surtout que cette attitude peut être interprétée comme un manque de courage : c’est facile de critiquer maintenant que vous partez… Il fallait dire ce que vous aviez à dire avant!
- Ne critiquez pas l’entreprise : de la même manière, si vous partez car vous estimez qu’il y a des dysfonctionnements dans l’organisation de l’entreprise, c’est un sujet que vous pourrez aborder lors de l’entretien physique. Votre employeur/manager peut apprécier d’avoir votre feedback et va prendre en compte vos remarques pour améliorer ce qui peut l’être et ainsi réduire le turn-over. Mais vos remarques sur ce sujet n’ont pas leur place dans la lettre de démission.
- Ne détaillez pas ce que vous allez faire ensuite : si vous quittez votre employeur actuel pour un concurrent, il est inutile de vous en vanter, même si vous serez mieux payé et avec un meilleur poste. Vous allez donner une mauvaise image de vous-même.
- Anticipez votre départ : dans votre lettre, vous pouvez préciser que vous êtes prêt à former votre remplaçant et à préparer le reste de votre équipe pour votre départ. Cela montre que vous êtes professionnel et que vous ne laisserez pas votre entreprise en difficulté.
- Finissez sur une note positive : même si votre expérience dans cette entreprise n’a pas toujours été positive, votre manager et votre employeur ont investi du temps et de l’argent pour vous former. Il est donc important de finir votre lettre sur des remerciements.
- Attention au formatage : avant d’envoyer votre lettre, pensez bien à la relire pour éviter les fautes d’orthographe. L’objectif n’est pas d’envoyer un roman, veillez à ne pas écrire plus d’une page.
Est-il possible de changer d’avis ?
Il n’est pas impossible qu’après l’envoi de votre lettre de démission vous changiez d’avis. La loi ne prévoit pas de délai de rétractation, il est donc possible de revenir sur votre décision tout au long de votre préavis. Pour cela, vous devez rédiger une lettre de rétractation de démission pour expliquer les raisons de votre changement d’avis. Idéalement, vous devez faire parvenir cette lettre très rapidement après l’envoi de votre lettre de démission, pour augmenter vos chances de faire annuler votre départ.
Une fois qu’il a reçu votre lettre de démission, rien n’oblige votre employeur à accepter votre lettre de rétractation. Votre réintégration dépend uniquement de lui.
Mais en parallèle, votre employeur n’a pas le droit de refuser votre demande de démission. Pour y arriver, il devra prouver devant un juge votre intention consciente de « nuire à l’entreprise ». Mais rassurez-vous, dans 99% des cas, les démissions se passent sans accrocs et n’ont pas besoin de se régler aux prud’hommes. Il y a fort à parier que vous et votre employeur puissiez tomber sur un accord et que votre contrat finisse sur une rupture conventionnelle.