Le storytelling comme arme de recrutement

Né aux États-Unis dans les années 90, le storytelling a d’abord fait ses débuts dans le marketing. Ce procédé qui consiste à « raconter une histoire pour vendre » s’est imposé quand les marqueteurs ont compris que les consommateurs étaient lassés des discours commerciaux bateaux et qu’il fallait jouer sur leurs émotions pour les toucher réellement !

Une étude menée par l’université de Stanford a prouvé qu’un récit était 22 fois mieux retenu qu’une statistique. Depuis la nuit des temps, les histoires sont au coeur de la vie des Hommes. Nous sommes facilement capables de nous identifier aux personnages à travers leurs expériences et leurs émotions, car nous sommes des êtres d’empathie. C’est pourquoi nous nous souvenons plus facilement d’une publicité, qui nous a fait pleurer ou rire, qu’une publicité basée uniquement sur de l’information.

C’est pourquoi le storytelling commence aussi à se faire une place en recrutement. Les entreprises anglo-saxonnes l’utilisent depuis plusieurs années pour optimiser leur marque employeur. La guerre des talents en France force aujourd’hui les entreprises à jouer au jeu de la séduction avec les candidats aux compétences rares et fortement demandées.
Les nouveaux talents ne se laissent plus uniquement convaincre par des chiffres ; ils s’intéressent aux valeurs, à la culture et la vision de l’entreprise. Selon une étude de RégionsJob, plus d’un candidat sur deux cherche à en savoir plus sur la culture d’une entreprise avant de postuler.

C’est à travers un récit impactant que les entreprises peuvent espérer aujourd’hui capter l’attention des candidats et leur donnant envie de s’impliquer et de participer à leur histoire. Utiliser le storytelling dans sa stratégie de recrutement permet notamment d’obtenir entre 20 à 30% de candidatures de plus, dont 10 à 15% de CV plus qualitatifs.

Mais pour qu’il soit efficace, le storytelling doit être soigné ! Il ne s’agit pas uniquement de faire une liste de dates et d’évènements. Il faut y mettre les formes pour susciter l’émotion… et surtout l’intérêt ! Voilà quelques conseils pour réussir votre stratégie de storytelling :

Donner la parole à vos collaborateurs : le storytelling peut prendre plusieurs formes. Vous n’êtes pas obligé de vous concentrer sur l’histoire de l’entreprise en elle-même, vous pouvez également choisir de raconter une « success story » d’un de vos employés dans votre structure. C’est le meilleur moyen d’aider les candidats à se projeter à vos côtés car ils pourront très facilement s’imaginer à la place de cet employé. Une étude de Talent Board a d’ailleurs montré que 44% des candidats souhaitent pouvoir échanger avec les collaborateurs de l’entreprise pendant le process de recrutement. De plus, placer un employé au coeur de votre récit permet de lui donner un personnage principal (autre que votre entreprise) et donc un fil conducteur.

Les candidats recherchent avant tout de l’authenticité. Il faut donc éviter de tomber dans les clichés et de présenter une histoire trop lisse. Il ne peut y avoir d’émotions et de résolution inspirante sans problématique ! Si vous choisissez de raconter l’histoire d’un collaborateur, son témoignage doit être 100% véridique. L’art du storytelling est de bien formuler et « ficeler » une histoire, pas de raconter n’importe quoi pour convaincre. Si vous embellissez trop les choses, il y aura une grande dissonance entre votre récit et la réalité à laquelle les candidats seront vraiment confrontés. S’ils sont déçus, ils n’hésiteront pas à reprendre rapidement leur recherche d’emploi et il ne s’agit pas uniquement de recruter les talents, il faut aussi s’assurer de les garder le plus longtemps possible.

Selon le poste pour lequel vous recrutez et votre domaine d’activité, les attentes des candidats seront différentes. Les développeurs en informatique n’ont pas forcément les mêmes critères que les déclarants en douane, par exemple. Il est donc important de bien identifier les désirs premiers de votre cible pour adapter votre récit.

Les métaphores et autres figures de style, permettant d’aider votre public à se faire une image mentale, sont idéales pour donner du poids à votre récit et le faire perdurer dans les mémoires !

Si l’histoire est captivante et efficace, vous n’êtes pas obligé forcément de « faire court », mais il ne faut pas non plus que votre histoire soit trop longue. Si le candidat doit monopoliser 1 heure de son temps pour votre histoire, vous avez de fortes chances pour qu’il ne la lise pas, même si elle est formidable.

Peu importe la forme que vous souhaitez donner à votre récit, il doit pouvoir répondre à certaines questions que se posent les candidats : pourquoi l’entreprise a-t-elle été créée ? Quelles problématiques et obstacles a-t-elle rencontré ? Comment les a-t-elle surmonté ? Quel est son avenir ? Sa vision ? Ses valeurs ?

Enfin, souvenez-vous que l’exercice du storytelling évolue en même temps que l’entreprise elle-même. Au fur et à mesure que cette dernière se développe, son histoire aussi change. D’ailleurs, le storytelling est un excellent moyen de communication dans d’autres situations que le recrutement. Pendant la crise du Covid, de nombreuses entreprises ont utilisé ce procédé pour permettre à leurs collaborateurs de plus facilement se projeter pendant et après la crise en les aidant à entrevoir un avenir plus radieux.