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Le statut de cadre va-t-il disparaître ?

Alors que le recrutement des cadres atteint un niveau record, soit 281 400 cette année, et que leur taux de chômage est au plus bas, soit 3,4%, les cadres subissent actuellement une véritable crise existentielle. En effet, le statut de cadre n’a jamais été autant remis en cause.

Les salariés sont de moins en moins nombreux à vouloir devenir cadres, notamment les jeunes générations qui ne considèrent plus les « avantages » de ce statut comme des critères de décisions dans leur recherche d’emploi. De plus, le fait que le cadre paie plus de charges sociales en démotive plus d’un. Ils sont d’ailleurs beaucoup à considérer qu’avec les années, ces avantages auraient même plutôt tendance à se transformer en inconvénients.

Parmi ces avantages, on comptait notamment la position privilégiée que les cadres avaient au sein de l’entreprise : ils étaient proches de la direction et avaient de l’autorité sur leurs collaborateurs. Mais l’entreprise et son organisation hiérarchique a subi des transformations ces dernières années. À l’heure du digital, du télétravail et des nouvelles méthodes de management, les relations professionnelles ont changé et les individus sont davantage mis sur un pied d’égalité.

Finis les assistants personnels, les bureaux individuels plus grands… On constate que peu importe le statut, les collaborateurs se retrouvent bien tous souvent en open space, aujourd’hui.

Que ce soit dans les PMEs ou les grands groupes, chaque employé est capable de travailler en autonomie et peut être amené à manager ou former une équipe. Aujourd’hui le management et la délégation sont des éléments incontournables dans la vie d’un salarié, peu importe qu’il soit cadre ou non. C’est l’ère de l’entreprise 2.0.

Les autres avantages du statut cadre, et sûrement les plus enviés, incluent notamment un régime de prévoyance spécifique, un salaire plus élevé, une flexibilité des horaires etc. Mais ces avantages sociaux se perdent petit à petit. On peut notamment prendre l’exemple de la fusion des retraites complémentaires, mettant à égalité les cadres et les non-cadres depuis le 1er janvier 2019.

Cette remise en question se fait ressentir par les cadres eux-mêmes : ils sont 53% à penser que le terme « cadre » ne signifie plus grand chose, selon un sondage de TNS-Sofres. Enfin, les chefs d’entreprise aussi sont nombreux à penser que ce statut, ne présentant plus vraiment d’avantages ni pour le dirigeant ni pour le salarié, appartient au passé.

Cette situation pèse sur les cadres, et eux aussi souffrent de mal-être au travail depuis quelques années. Quête de sens, manque de reconnaissance, mauvais équilibre entre vie pro et vie perso… Ils sont 54% à reprocher à leurs employeurs de ne pas avoir mis en place de plans d’action concrets pour les aider à lutter contre le stress et les risques psycho-sociaux.

Leur implication dans l’entreprise et leur fidélité en pâtissent aussi : ils sont 23% à se sentir « indifférent » face à leur employeur. Leur attachement et leur sentiment d’appartenance a chuté de 28% à 20% en un an.

Cette révolution du monde de travail est en droit de nous faire nous poser la question : est-ce que le statut de cadre est amené à disparaître ? Il faudra encore laisser passer un peu de temps avant de pouvoir y répondre avec certitude…

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