Un homme assis en terrasse avec son ordinateur. Il lève les bras au ciel et il a l'air désespéré.
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Comment éviter les « bullshit jobs » ?

La crise du Covid-19 et les différents confinements que nous avons subi ces derniers mois ont remis au coeur du débat la notion de ce qui est essentiel. Alors que la société dans son ensemble ré-apprenait à apprécier certaines professions devenues indispensables, certains individus se sont aperçus que leur propre activité n’avait finalement pas beaucoup de sens.

S’en est suivi alors une vague de reconversions professionnelles pour tenter de fuir les « bullshit jobs » ! Aussi appelé « jobs à la con », le phénomène de « bullshit jobs » a été popularisé en 2013 par l’anthropologue David Graeber et vise à mettre en exergue la prolifération des métiers vides de sens. Le sociologue français Emile Durkheim, aussi considéré comme l’un des pères fondateurs de la sociologie moderne, disait déjà au début du 20ème siècle que la « perte de normes et de repères » serait le « prochain mal de notre siècle ».

Mais alors qu’est-ce qu’un « bullshit job » exactement ? On peut le définir comme un emploi sans utilité pour la société ou pour l’employé lui-même. Si le poste venait à disparaître, il y a fort à parier que ça n’aurait pas de conséquences majeures ou visibles sur l’entreprise ou la société. Ce sont généralement des postes qui naissent dans les grandes entreprises, où il y a une forte division du travail. Certaines métiers sont créés pour des missions qui pourraient être réalisées par des métiers déjà existants.

David Graeber distingue notamment cinq catégories de « bullshit jobs » :

  • « Faire valoir » : souvent des titres de postes très longs et très sophistiqués pour tenter de rajeunir des fonctions anciennes et très peu essentielles;
  • « Sparadrap » : dont la mission principale est de résoudre un problème qui n’existe pas;
  • « Petit Chef » : le manager d’individus qui peuvent très bien se manager tout seul;
  • « Cocheur de cases » : un poste créé uniquement dans le but de suivre une mode;
  • « Sbire » : quand une entreprise recrute pour imiter la concurrence.

Alors que certaines personnes semblent s’épanouir dans ce type de postes, d’autres finissent inéluctablement par souffrir de ce manque de sens et par se démotiver totalement, en allant même jusqu’à finir en « bore-out » (syndrome d’épuisement professionnel dû à l’ennui) et/ou « brown-out » (syndrome d’épuisement professionnel dû au manque d’intérêt pour les missions).

En effet, le sentiment d’être « inutile » et d’exercer une activité en opposition avec nos valeurs peut mener à beaucoup de stress, de frustration et parfois à la dépression. Ce n’est donc pas seulement une question d’épanouissement professionnel, c’est aussi une question de santé.

Au 20ème siècle, le psychiatre autrichien Viktor Frankl est le premier scientifique à avoir théorisé le besoin intrinsèque de l’homme à trouver du sens à sa vie. Selon lui, pour qu’une activité puisse être porteuse de sens elle doit remplir deux conditions essentielles : nous permettre de réaliser notre potentiel personnel et être jugée utile pour la société. Sans cela, vous êtes à risque d’expérimenter ce que Graeber appelle de la « souffrance spirituelle ».

Le problème c’est qu’à l’heure d’aujourd’hui les « bullshit jobs » sont de plus en plus nombreux et qu’il faut être capable de se poser les bonnes questions pour les éviter :

  • Qu’est-ce que mon travail apporte à la société ? Quelles seraient les conséquences de sa disparition ?
  • De la même manière, est-ce que je suis en mesure d’expliquer pourquoi j’ai choisi de faire cette activité ?
  • Est-ce que mon travail est en concordance avec mes valeurs personnelles ? Est-ce que je suis fier de faire ce que je fais ?
  • Est-ce que mon poste me permet d’évoluer tant professionnellement que personnellement ? Est-ce qu’il me permet un large champ d’action pour changer et agir sur ce qui m’entoure ?
  • Est-ce que mon poste me permet d’apprendre de nouvelles choses au quotidien et de développer mes compétences ?
  • Est-ce que mon travail me permet de m’épanouir personnellement ?
  • Et finalement, la question la plus importante : est-ce que mon emploi me rend heureux ?

Enfin, il est important de se rappeler qu’il existe des solutions pour retrouver du sens dans sa vie professionnelle. Vous pouvez choisir de changer d’entreprise ou même d’emploi, mais vous pouvez également tenter de trouver une solution là où vous êtes déjà. Il suffit de se poser les bonnes questions : qu’est-ce qui vous pèse le plus au quotidien ? Qu’est-ce qu’il serait possible de faire pour vous redonner du plaisir à aller travailler le matin ? Ce sont des réponses que vous pouvez trouver avec l’aide de votre N+1 qui sera en mesure de vous accompagner dans votre quête de sens.

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