Les débuts difficiles de l’intelligence artificielle en recrutement
Créée par la start-up russe Stafory, Vera est un produit de l’intelligence artificielle. Ce robot virtuel aux apparences de femme a été développé dans le but d’aider les grandes entreprises à recruter. Mais il semble que Vera ne fasse pas l’unanimité…
Elle avait réussi à séduire des grands noms de l’industrie, comme Ikea, l’Oréal et PespiCo, notamment grâce à ses aptitudes remarquables. En effet, Vera dispose des mêmes technologies de reconnaissance vocale de Google, Amazon et Microsoft, ainsi que Yandex, la version russe de Google. Elle a également assimilé plus de 13 milliards de phrases provenant d’émissions TV, de Wikipedia, et de sites d’annonces d’emploi, et connaît donc parfaitement le vocabulaire du recrutement. Sa mission est d’identifier les profils les plus adéquats selon les postes qui lui sont confiés. Elle est d’ailleurs connectée à cinq sites d’emploi différents, et peut aussi se connecter à la base de données des clients. Mais ses capacités ne s’arrêtent pas là ; elle est également capable d’appeler les candidats et de mener un entretien par téléphone ou par Skype. Elle est aussi en mesure de comprendre les émotions de ses interlocuteurs.
Bref, sur le papier, Vera a tout de la recruteuse parfaite. Pourtant, l’Oréal et Ikea, qui ont pu expérimenter ses services pour leurs filiales russes, ont décidé de mettre fin à la collaboration avec Stafory. « Nous voyons le digital comme un outil qui va amplifier les capacités humaines de nos RH, surtout pas les remplacer » explique la responsable de la transformation digitale des ressources humaines chez l’Oréal, avant d’ajouter que l’approche de Vera ne coïncidait pas avec la vision du groupe de cosmétique.
Il est aussi important de noter que Vera n’est pas programmée pour recruter des cadres, et convient surtout pour des petits postes avec un fort turn-over. Elle ne convient donc pas à toutes les entreprises, et ne peut apporter une solution à tous les problèmes RH.
L’intelligence artificielle est un sujet dont on entend de plus en plus parler ces temps-ci, et elle est souvent présentée comme l’innovation miracle qui va faciliter tous les domaines d’activités confondus. Mais il existe certains secteurs où l’être humain est encore essentiel, et c’est le cas du recrutement. Alexei Kostarev, le fondateur de Starfory, est le premier à considérer les interviews en face à face et le contact humain comme vitaux pour un recrutement réussi. Selon lui, seul un être humain serait capable de gérer le recrutement de postes à hautes responsabilités.
En Corée du Sud, où l’intelligence artificielle est déjà beaucoup utilisée en RH, les journalistes du quotidien Joongang Ilbo ont mené l’enquête et rapportent que la majorité des candidats interviewés par des robots se sont sentis mal à l’aise, et assurent que l’expérience est « pénible et pas naturelle ».
Un robot ne pourra jamais être l’égal de l’homme en terme d’intuitions et d’analyse. Certes, les données liées aux candidats sont de plus en plus précises et intelligentes, mais un être humain est capable de jauger une situation et d’en tirer des conclusions, et il serait dommage de sacrifier cela. L’idée est donc de combiner les innovation de l’intelligence artificielle avec la capacité naturelle de l’homme à prendre des décisions.